Les coulisses des métiers de la post-production.

Comment bien sous-titrer un film de cinéma ?

Bienvenue sur Émergence Post-Cinéma

L’avenir du cinéma s’écrit en post-production.

Vous êtes ici parce que vous voulez comprendre ce qui se passe après le clap : le montage, la localisation, les sous-titres, l’accessibilité, les outils qui transforment les mots et les images pour un public mondial.
Je suis Lina Morel, superviseure de post-production et adaptatrice multilingue, et j’ai lancé ce blog pour faire surgir ces métiers trop souvent invisibles, partager les méthodes pro, les choix techniques, et vous donner les repères pour travailler ou comprendre ce que l’on appelle le « post-cinéma ».

L'une des principales règles du sous-titrage professionnel est de toujours respecter le rythme du film.

Les bases du sous-titrage

Sous-titrer un film, ce n’est jamais « mettre du texte sous une image ».
C’est réinterpréter une intention : traduire le sens, le ton, l’humour, l’implicite — tout en respectant un cadre technique très strict.

Les sous-titres servent d’interface de compréhension : ils relient un public à un récit qui n’a pas été pensé pour sa langue ou sa culture. Ils doivent donc à la fois informer (transmettre les mots) et transmettre (préserver l’émotion).

➡️ Une bonne base :

  • Compréhension fine du script original

  • Traduction créative mais fidèle, jamais littérale par défaut

  • Choix terminologiques cohérents

  • Adaptation au public cible (âge, localisation, accessibilité)

Le sous-titre est un sous-mix sémantique : trop d’informations saturent la lecture, trop peu abîment l’histoire.

Enfin, un sous-titre doit respecter le regard :
longueur, lisibilité, segmentation, temps d’affichage…
L’œil ne doit jamais se battre avec l’image.

Synchroniser les sous-titres avec les dialogues

Le timing (ou spotting) est une compétence à part entière.
Il consiste à associer chaque réplique à un code temporel précis (timecode HH:MM:SS,FFF).

Mon workflow standard :
1️⃣ Repérage : détection des points d’entrée/sortie du dialogue
2️⃣ Calage : ajustement fin du timecode sur la respiration, les pauses, les coupes
3️⃣ Vérification : lisibilité + cohérence rythmique sur image

Quelques règles clés :

  • Un sous-titre entre sur la première attaque vocale

  • Il sort dès que le personnage cesse de parler

  • Durée d’affichage adaptée au rythme de lecture (éviter > 20 CPS)

  • Découpage des répliques pour éviter les chevauchements

Un bon sous-titres accompagne le montage.
Il ne doit ni courir après, ni passer devant lui.

Les bases du sous-titrage commencent par une compréhension claire du script original

Gérer les nuances culturelles

La traduction audiovisuelle implique une double fidélité :
à l’œuvre et au public.

C’est ici que tout se corse :
blagues intraduisibles, références locales, sous-entendus, dialectes…
Parfois, la meilleure solution est de déplacer le sens plutôt que d’essayer de le plaquer.

⚠️ Un jeu de mots fondé sur une sonorité intraduisible ➜
→ solution : créer un jeu de mots équivalent, avec la même fonction narrative (faire rire, surprendre, détendre).

Quand une référence n’a aucune chance d’être comprise, on arbitre.
On préserve l’intention (ton, émotion) plutôt que le mot lui-même.

Traduire, c’est choisir.
Sous-titrer, c’est choisir au bon endroit et au bon moment.

Les logiciels et applications à votre disposition

Pour la transcription initiale ou l’aide au sous-titres, plusieurs solutions existent, du tout-en-un au 100 % manuel.

📌 Pour automatiser une première base — et la retravailler ensuite —
vous pouvez vous appuyer sur un générateur de sous-titre automatique, puis affiner le spotting et le texte dans l’éditeur.

Outils fréquemment utilisés dans notre branche :

  • Adobe Premiere Pro → complet, idéal en workflow montage + sous-titres

  • Aegisub → open-source puissant, très apprécié en fansubbing et QC

  • Jubler → simple d’accès, pour débuter et ajuster des fichiers existants

  • Subtitle Edit → >200 formats supportés, indispensable en post-prod TV/VOD

🎯 À retenir :
L’outil accélère → mais ne remplace pas l’intervention humaine :
calage, segmentation, vérification culturelle, accessibilité (SDH, symboles, bruitages).

Conseils et astuces des experts du domaine

Pour résumer la philosophie du sous-titrage professionnel :

Respecter le rythme du montage
→ le texte sert l’image, jamais l’inverse

Localiser intelligemment
→ le sens > la lettre

Penser à son public
→ lisibilité, vitesse, références accessibles

Relire systématiquement
→ au moins 2 passes (langue puis image)
→ idéalement avec un·e relecteur·rice indépendant·e

Et surtout :

Un sous-titre réussi, c’est celui que personne ne remarque…
mais qui permet à chacun·e de suivre l’histoire.

Un bon sous-titrage nécessite une relecture minutieuse.

Comparatif d’outils automatiques de transcription & de sous-titrage

Outil Point fort Limite Idéal pour
Happy Scribe Interface très accessible, plus de 120 langues supportées, workflow entier « audio/vidéo → transcription → sous-titre » dans une même plateforme. Le forfait gratuit est très limité (≈ 10 minutes) ; pour une précision maximale (humain) le coût monte. Vous travaillez en localisation multilingue, vous voulez un outil « tout-en-un » avec une bonne ergonomie.
Autre outil A (ex. Sonix) Prix avantageux à l’heure, précision revendiquée élevée. Moins d’ergonomie ou moins d’options pour sous-titres avancés ; parfois moins de langues supportées. Vous avez un budget serré et un workflow plus technique.
Autre outil B (ex. outil libre open-source) Gratuit ou très peu coûteux, code modifiable, bonne communauté. Interface plus rustique, plus de travail manuel, intégrations parfois limitées. Vous êtes technicien·ne et aimez personnaliser votre chaîne.

Pourquoi j’ai souvent recours à Happy Scribe

  • Parce que le temps est une monnaie : l’IA permet de dégrossir rapidement un fichier audio ou vidéo, puis j’affine manuellement le calage (timecode), le repérage, l’ajustement – ce qui reste indispensable pour un sous-titrage de qualité.

  • Parce que la diversité linguistique compte : support de nombreuses langues et bon éditeur interne pour corrections.

  • Parce que tout ne passe pas par l’outil : je précise toujours qu’un outil ne remplace pas la relecture, la gestion des nuances culturelles, la vérification des accents ou du bruit de fond. Dans mes dossiers, un bon outil + méthode = meilleur ratio qualité/délai/coût.

Attention aux compromis

  • Même le meilleur outil automatique ne donne pas 100 % de précision : dans le cas de Happy Scribe, on lit des taux d’approximation autour de ~85 % pour l’automatique.

  • Le bruit de fond, les voix qui s’entrecroisent, les accents forts ou dialectes sont toujours des facteurs de correction manuelle importante.

  • Le coût global augmente si vous voulez maximum de qualité ou si vous choisissez la transcription humaine.

Micro-méthode 1-2-3 pour choisir votre outil

  1. Définir le besoin : nombre de minutes à traiter / nombre de langues / niveau d’édition post-IA.

  2. Tester un quart-heure avec l’outil (qualité audio identique à votre usage).

  3. Analyser : taux de correction manuel, coût total (outil + temps humain), ergonomie de sortie (export .srt, .vtt, calage timecode) -> décider.

Boîte à outils : notez CPS (caractères par seconde), WPM (mots par minute) acceptables pour votre public cible.

Et maintenant ?

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Si vous ne deviez retenir que 3 points immédiatement :

  • un bon outil ne remplace pas la méthode ;

  • l’audio de qualité réduit votre temps de correction ;

  • penser aux publics (accents, bruit, accessibilité) est aussi important que le texte.

À très bientôt pour le premier dossier complet sur le réglage du « spotting » (calage dialogue-image) du sous-titres.

— Lina, Émergence Post-Cinéma

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